treememento
treememento se veut constituer un projet artistique sur l’arbre, son vécu et sa trame narrative. En tant que marqueur urbain, l’arbre cadence la temporalité urbaine et anime la composition des espaces bâtis. Comme témoin du temps passé, il fait office de témoin silencieux de la vie sociale et de ses rythmes. L’arbre est un baromètre important de l’histoire des citées et de leurs politiques urbanistiques. Archive vivante, il nous guide vers les traces de changements environnementaux et de transformations sociales et paysagères.
L’arbre enjolive les lieux de promenades, il tempère les chaleurs, il a des vertus écologiques et thérapeutiques, il est puits d’oxygène qui enrichit l’air et l’apparence de nos villes, mais il peut être aussi le grand oublié des espaces publics.
Le projet treememento est initialement inspiré par la démarche du Service d’urbanisme de la Ville de Pully qui a pour coutume de documenter les anciennes demeures de maître. Lors d’une démolition, la photographie permet de retracer l’historique d’un bâtiment. À l’instar de ce travail, treememento veut garder la trace des extérieurs environnementaux ainsi que des évènements qui ont pu marquer les arbres voisins et tous les traitements particuliers qu’ils ont pu subir.
La création de cette xylothèque particulière permet de s’intéresser aux interactions entre nature et
culture. Les témoignages physiques recueillis vont révéler les zones grises de ces échanges dûs à
l’influence des humains sur la biosphère et sa rationalisation.
L’arbre au cœur de ce projet est celui qui a subi l’influence du monde social pour faire place à la
densification des espaces urbains. Il indique les remaniements de sites, les dynamiques
d’aménagement de parcelles foncières, et les enjeux qui les sous-tendent.
Sans pour autant photographier l’arbre in situ, dans son milieu même, l’artiste travaille avec une partie du tronc des arbres abattus sous forme de disque et en prend l’empreinte des coupes transversales. En résulte de 3 et 10 tirages uniques par arbre. S’appuyant sur une recherche en archive, il documente ensuite les empreintes par une fiche descriptive (environnement initial de l’arbre, géolocalisation, année d’abattage).
Pourquoi la coupe ? La coupe représente une matière expressive, organique, reproduisant la trace
des cycles saisonniers. Elle naît, se décompose, et retourne à la terre.
L’empreinte, désormais inscrite sur un support artistique, fait alors apparaître des formes, des tissus et des cernes. Le nombre de cernes, permet une approche sensible de l’âge de l’arbre.
Si la dendrochronologie – soit l’étude d’anneaux de croissance – permet de reconstituer la santé de
l’arbre, son environnement climatique et ses variations, Jan Forster met en scène un regard
artistique sur la coupe, en créant une image-palimpseste aux strates multiples et où se superposent
les couches d’une histoire intrinsèque.
L’arbre disparaît, mais son empreinte subsiste, déposant une trace permanente.