treememento

Jan Forster

Treememento est un projet artistique sur les arbres, leur vécu et leur trame narrative. L’arbre est un marqueur urbain, il rythme la temporalité des villes, la composition des espaces. Il ressemble à un observateur silencieux, témoins du temps passé, de la vie sociale, et de ses rythmes. L’arbre est un baromètre important des villes, et des politiques urbaines. Comme une archive vivante, il nous guide sur les pas des changements environnementaux, des transformations sociales, et paysagères. En ville, l’arbre enjolive les lieux, il tempère les chaleurs, il a des vertus écologiques et thérapeutiques, il représente un puit d’oxygène, il façonne notre air, l’apparence de nos villes. Il demeure cependant l’oublié des espaces publics.

Le projet treememento est un projet initialement inspiré par le travail du Service d’urbanisme de la Ville de Pully, qui a pour coutume de documenter, par la photographie, les demeures de maître. Lors d’une démolition, la photographie permet de retracer l’historique des bâtiments. À l’instar de ce travail, Treememento permet de garder trace des extérieurs, des évènements qui les ont marqués, et de tous les traitements qu’ils ont subis.

L’artiste, Jan Forster, s’intéresse aux interactions entre nature et culture. Il analyse l’ère de l’Anthropocène – l’influence des humains sur la biosphère et sa rationalisation – sous l’angle des arbres. Avec ce projet, il révèle les zones grises de ces échanges.

L’arbre au cœur de ce projet est celui qui a subi l’influence du monde social pour faire place à la densification des espaces urbains. Il indique les remaniements des sites, les dynamiques de construction des parcelles, et les enjeux qui les sous-tendent.

Sans pour autant photographier l’arbre in situ, dans son milieu même, l’artiste travaille avec le tronc des arbres abattus. Il prend l’empreinte des coupes transversales. En résulte entre 3 et 10 tirages uniques par arbre. S’appuyant sur une recherche en archive, il documente ensuite les empreintes par une fiche descriptive (environnement initial de l’arbre, géolocalisation, année d’abattage).

Pourquoi la coupe ? La coupe constitue une matière vivante, organique, qui reproduit les cycle de la nature. Elle naît, se décompose, et retourne à la terre. L’empreinte fait alors apparaître des formes, des tissus et des cernes. Le nombre de cernes, permet de deviner l’âge de l’arbre.

Si la dendrochronologie, c’est-à-dire l’étude de ces anneaux de croissance, permet de reconstituer la santé de l’arbre, son environnement climatique et ses variations, Jan Forster amène un regard artistique sur la coupe, en offrant une image-palimpseste aux strates multiples, superposant des couches d’histoire.

L’arbre meurt, mais son empreinte reste, laissant une trace permanente.